Philosophons avec nos enfants ! Grandir

Philosophons avec nos enfants !

Est-ce que c’est bien de grandir ?

En ces temps troublés, prenons le temps de philosopher avec nos enfants, offrons-leur des oasis de lecture et de pensée.

Aimer les histoires, aimer se plonger dans les mondes de l’imaginaire est universel. Toutes les civilisations inventent des récits qui ont pour fonction, à la fois de nous divertir de la réalité (de nous amuser, de nous aider à oublier nos soucis…) mais aussi, au contraire, de mieux donner sens à notre expérience de la vie. Car il n’y a pas d’âge pour se poser des questions philosophiques et, très jeunes, face une expérience humaine fondamentale qu’on appelle « l’étonnement devant le monde », les enfants nous interpellent sur la condition humaine et les relations sociales.
La lecture d’albums instaure une bonne distance pour aborder avec délicatesse et humour les grandes questions que l’enfant se pose et l’aide à résoudre ses peurs. Les livres sont comme des amis : ils nous font voyager mais nous aident aussi à grandir, à mettre des mots sur nos émotions, à mieux les apprivoiser.

Est-ce que c’est bien de grandir ?

Grandir est bien évidemment une préoccupation essentielle pour les enfants qui vivent à chaque instant dans leur corps et leur esprit cette expérience humaine universelle, caractérisée par sa complexité, son ambiguïté et l’ambivalence des sentiments qu’elle génère. Grandir est à la fois source d’angoisse, de désir, de fierté et d’inquiétude. C’est en même temps se perdre et se trouver. La peur de la séparation qui étreint chaque enfant dans les étapes de sa nécessaire individualisation est peu à peu remplacée par la fierté d’acquérir un nouveau statut dans la communauté des hommes : s’être enrichi de cette liberté - comme dans Une nuit un chat..., d’Yvan Pommaux.

En grandissant, je vais certes me perdre, je vais changer, devenir autre. Comment à la fois me transformer et rester moi-même ? Je vais quitter un état, celui de l’enfance, pour en gagner d’autres, l’adolescence puis l’âge adulte. Cette perte ne va pas sans une certaine nostalgie et parfois même une grande angoisse, qui peut aller jusqu’au refus de grandir (comme pour Peter Pan). Mais c’est aussi gagner en maturité, en droits et en devoirs. C’est la transformation physique qui bouleverse les enfants en tout premier lieu et ensuite, la possibilité de libertés nouvelles, c’est-à-dire, selon leurs propres termes, de faire, enfin, « tout ce que je veux » (se coucher tard, ne pas avoir à obéir…). Les adultes sont souvent, à leurs yeux, des êtres dotés de cette toute puissance. C’est également vieillir ou voir ses parents vieillir et prendre le risque de la séparation. Cette épreuve initiatique est aussi plus difficile parfois pour les parents que pour les enfants - comme dans Une nuit, un chat ! C’est donc, pour tout individu, un long cheminement que d’accepter sereinement la condition humaine et la richesse de la transmission de génération en génération. On pourra ainsi méditer avec nos enfants sur cette déclaration de Pablo Picasso : « On met longtemps à devenir jeune »

Une nuit, un chat... , de Yvan Pommaux

« Tous les parents chats attendent avec angoisse la nuit où leur enfant sort pour la première fois seul. Ils ne l’en empêchent pas, c’est une règle d’or... mais parfois ils sont si inquiets qu’ils le suivent !»

Est-ce que c’est bien de grandir ?

Le philosophe grec Platon recommandait d’organiser des banquets pour philosopher. La philosophie peut être une activité très conviviale où l’on prend du plaisir à penser et à réfléchir ensemble autour d’un bon repas. Nous pouvons donc organiser des « goûters philo » autour de gâteaux, de jus de fruits ou de chocolats chauds !

Au fur et à mesure de la lecture, se poser les questions suivantes :

Quelle est la « force mystérieuse » qui pousse Groucho à sortir ?
Pourquoi les parents sont-ils inquiets ?
Ont-ils raison d’avoir peur ? Ont-ils raison de le suivre ?
Est-ce que c’est facile pour Groucho de quitter ses parents ? A-t-il raison ?
Pourquoi a-t-il envie de repartir dehors à la fin ?
Est-ce que c’est bien de grandir ?
Quand devient-on une « grande personne » ?
Peut-on tout faire quand on est grand ?
Être adulte, est-ce forcement être sage ?
Quels sont les avantages et les inconvénients de grandir ?
Qu’est-ce qu’on perd en grandissant ?
Qu’est-ce qu’on gagne en grandissant ?
Est-ce que c’est facile de grandir ?

Se dessiner à tous les âges

Dessine-toi tel que tu es maintenant (choisis bien ce qui te représente le mieux), tel que tu étais plus petit (en te servant par exemple de ton plus beau premier souvenir), tel que tu seras adulte (imagine quel métier tu veux faire, où voudrais-tu vivre, dans quel type de famille). On peut demander à tous les membres de la famille de faire ce dessin et en discuter avec eux.

Dessiner un « bal de la nuit »

En s’inspirant de la double-page de la fête, dessiner un bal de nuit avec l’animal de son choix.

Les règles d’or

Dans l’album, la règle d’or des chats est la suivante : « lorsqu’un chaton sort pour la première fois, seul, la nuit, ses parents le laissent faire ». Réfléchis et décide de trois règles d’or que les parents devraient respecter aussi pour laisser leur enfant grandir.
Discutes-en avec tes parents : sont-ils d’accord ou pas avec toi et pourquoi ?

Ces pistes de réflexion philosophique ont été réalisées par Edwige Chirouter, Maitre de Conférences. HDR. Université de Nantes. ESPE Le Mans (CREN). Philosophie. Titulaire de la Chaire UNESCO/U. de Nantes, « Pratiques de la philosophie avec les enfants, une base éducative pour le dialogue interculturel et la transformation sociale ».