Thème « travail et métier »
Pour Antoine et ses amis, l'été qui commence sépare les années lycée de l'entrée à l'université. Si tous (Mehdi, Hannah, Alice) savent déjà ce qu'ils vont faire, ce n'est pas son cas. En pleine incertitude, y compris familiale — car sa mère a un nouveau compagnon qui ne lui plaît guère —, Antoine broie du noir depuis qu'Hannah et lui ont rompu. Faute de mieux, entre deux fêtes trop arrosées, il se console dans les bras d'une jolie blonde et accepte un petit boulot dans une maison de retraite.
Mais le temps presse, et il faudra bien qu'il décide ce qu'il veut faire de sa vie, avec ou sans Hannah.
On ne vit pas à Santa Arena, où tout est sec, pauvre, désolé, sans espoir. On survit, et encore. Si on veut vivre, il faut partir. Là-bas, de l'autre côté de la frontière, la grande ville des étrangers, les ranjeros, brille de tous ses feux. Là-bas, les hommes sont riches, les femmes ont la peau blanche et les yeux verts comme des dollars, et les cinémas racontent des histoires merveilleuses. Ils sont nombreux, ceux qui tentent le passage du cerco. Et rares ceux qui réussissent. Moins de deux pour cent. Les autres sont abattus par la Border Patrol, ou bien s'en vont mourir de soif et d'épuisement dans le désert. De toute façon, avant d'espérer partir, il faut gagner mille dollars, le prix d'un passeur, l'équivalent de deux ans de travail à gratter les cuves puantes de la Chemical & Petrological Corporation. Personne n'a encore jamais dit à Adriana qu'elle avait de la chance. Mama Yosefa, la reine du bidonville, lui a juste dit un jour en la regardant dans les yeux : « Toi, tu mérites mieux. » Et Adriana a décidé qu'un jour, elle aussi aurait les yeux verts. Mais ce qui l'attend, de l'autre côté de la frontière, même un film des ranjeros n'aurait pas pu l'imaginer.

