Thème « réfugié, sans-papier »
Ce matin-là, Antoine et Tony ont fait la course sur le chemin du collège. Mais au bout du trajet, ils ont continué. Ils ont envoyé balader leurs soucis. Pour Tony, la hantise de se faire expulser vers l’Ukraine. Pour Antoine, la peur de prendre une nouvelle dérouillée par son père. Tant qu’il leur restera une once de force, ils courront. Fatigués, mais terriblement vivants.
Glovie et sa mère Inna vivent en France depuis sept ans dont quatre années déjà dans un hôtel pour migrants. Inna fait tout ce qu’elle peut pour s’occuper de sa fille, mais dans son travail, elle n’a pas le choix des horaires. Comme Inna est serveuse, dans un bar, la nuit, Glovie doit rester seule et sage entre les quatre murs de cette chambre minuscule. Pour supporter cette vie, elle s’en invente d’autres, se dote de pouvoirs surnaturels, cherche le moyen de s’échapper, de vivre un peu, elle aussi. Jusqu’à se mettre en danger.
Pour Jacques, cela ne va plus très fort depuis le départ précipité de son ami Anton en Russie. Tout le monde a beau essayer de lui changer les idées, Jacques, lui, a perdu son ami russe. Pas seulement un ami capable de transformer les brins d’herbe en douce musique, les cabanes de bois en palais, et les mots en or, mais un ami russe, capable de vous faire comprendre la magie des forêts, de vous faire sentir les mouvements du Transsibérien et de vous cacher sa vie d’immigré clandestin. Tout ce qu’il aimait. Tout ce qu’il ne peut pas oublier.
Alors, les matins gris, le coeur brisé, le goût à rien, Jacques s’est fait la promesse de garder à jamais le souvenir d’Anton. De vivre pour cela. Jusqu’au jour où ses parents lui offrent le plus beau cadeau d’anniversaire imaginable : un voyage en Russie pour retrouver Anton. Tout semble à portée de main. Mais en Russie, les mains sont drôlement, magnifiquement, intensément surprenantes.
Louna a quinze ans et des parents qu’elle trouve égoïstes, lointains, car insensibles au sort des migrants en difficulté qu’elle voit partout autour d’elle. Après avoir échoué à les convaincre d’accueillir une famille entière, Louna enlève le petit Mirhan devant son école, estimant qu’il est de son devoir de soustraire le jeune clandestin à la police qui le recherche et le renverra sans doute dans son pays. Sans le soutien de son petit ami Thomas, qui refuse lui aussi de l’aider, c’est pour Louna – et Mirhan – une longue nuit de cavale qui s’annonce un véritable jeu de cache-cache avec les autorités. Mais la situation est-elle bien comme la jeune fille nous la raconte ?
En Syrie, Aziz avait une belle vie. La guerre l’a contraint à partir avec sa famille. Ils ont surmonté bien des dangers, et toute l’Europe, jusqu’à Rennes. Une nouvelle maison, une nouvelle école, une nouvelle langue et de nouveaux amis. Maintenant, il faut tout reprendre à zéro. De chez lui, Aziz n’a emporté qu’un rêve secret : il veut danser. Mais les garçons ne dansent pas, et personne ne comprend la passion qui l’anime. Personne ? Peut-être pas…
Le 24 février, c’était le jour du mariage de ma soeur. Un jour à faire la fête… sauf qu’au même moment, Vlad-le-Mauvais, donnait à son armée l’ordre de nous envahir. La guerre venait de commencer. Quelques heures plus tard, les bombes des “Orques” s’abattaient sur la ville. Alors avec les parents on a tout abandonné et on est partis sur les routes. La vieille Babusja qui perd la tête nous accompagnait, sans oublier Zaku, mon chat et l’énorme contrebasse de maman. On était des milliers à fuir la guerre. Mais pour aller où ?…
Depuis sa naissance, Nour vit avec Youmna, une femme sourde qu’elle aime comme si elle était sa mère, même si Youmna lui répète qu’elle ne l’est pas. Depuis des années, elles attendent le jour où des hommes viendront pour conduire Nour à sa « vraie » mère qui est loin, dans un pays où les filles peuvent aller à l’école et apprendre un métier. Nour a peur de ce jour, elle voudrait qu’il n’arrive jamais. Mais une nuit, on frappe à la porte.
C’est ma dernière nuit dans ce lit. Le sommeil ne viendra pas. Le vertige est déjà là.
À la suite je dis la liste contre la peur et celle contre la tristesse, la liste contre l’impatience et celle contre les choses qu’on ne veut pas voir venir.
2 423 mots sagement ordonnés comme des petits soldats qui savent marcher droit. 2 423 petits soldats qui ce soir ne servent à rien.
Je me jette dans le lit de Youmna. Nous tombons dans un profond sommeil.
Lorsque Julie plonge dans le sommeil, son monde bascule. L’adolescente se retrouve dans la forêt de l’île japonaise de Hokkaido, reliée physiquement à un petit garçon de sept ans. Abandonné par ses parents, il erre seul, terrifié, et risque de mourir de froid, de soif et de faim. Quel est le lien entre Julie et l’enfant perdu ?
Basile sait que de nombreux migrants passent dans la région. Il a entendu parler des camps et des trafics, des jeunes gens qui s'accrochent sous les camions et en meurent parfois. Il sait tant et tant de choses qui le concernent si peu ! Tout change lorsqu'il croise quatre garçons dans une gare désaffectée. Ils sont à cran, ils se cachent, la police les cherche depuis qu'ils ont fui le centre pour mineurs isolés.
Quand l'un d'entre eux se fait enlever par des passeurs, Basile n'a plus le choix. Il s'embarque dans une nuit sans fin à la recherche de ce garçon qu'il ne connaît pas, cet étranger, prisonnier de la mafia.
« Les enfants de la guerre ne sont pas des enfants », dit la chanson d'Aznavour. Et c'est vrai, ils ne sont pas des enfants, les garçons et les filles d'Iran, d'Irak, du Congo, d'Algérie, du Rwanda, du Liban, du Kosovo, et de tous les conflits de la planète. Ils sont des sujets d'actualité. Elle n'est pas une enfant, Nahalia, cette petite fille de quelques heures, née quelque part dans les Balkans avec une tache de vin sur le bras, une marque d'infamie, une malédiction, pendant la sécheresse et juste avant les premiers bombardements. Elle est un bouc émissaire. Il n'est pas un enfant, Jozef, son grand frère adolescent, qui a vu partir son père, pleurer sa mère et massacrer son instituteur, condamné pour désertion, un des seuls hommes du village à avoir voulu rester digne. Il est de la chair à canon, un numéro de camp d'entraînement. Ce roman leur donne la parole.
Jeff et son frère Norbert ont trouvé un fugitif dans la cave de leur immeuble. Est-ce un migrant ? Un criminel en cavale ? Un malade mental ? Impossible à dire. L’homme est étrange, il a la peau trop blanche, les yeux sans pupilles, et il ne s’exprime qu’en faisant claquer sa langue. Il semble traqué, mais il refuse de s’éloigner de la tour où habitent les deux frères. Comment vont-ils le cacher alors que l’immeuble, voué à la démolition, sera détruit dans quelques semaines ?
Il s'est fait des copains. Il travaille bien en classe. Il est poli et gentil. Il fait l'admiration de tous, parents et professeurs. On le donne en exemple. On dit qu'il est un modèle d'intégration. Il a treize ans et il mesure 1,38 m. Alors, pour rigoler, les autres l'appellent le nain jaune. Il est l'un des deux millions de Sud-Vietnamiens qui ont fui leur pays envahi par les troupes communistes du Nord en 1975. A l'époque, on les avait baptisés les boat people. Peu à peu, avec des moyens de fortune, sa famille a reconstruit sa vie en France, terre d'asile. Grâce aux rites, aux fêtes, aux bougies, aux photos, à l'encens, aux fruits de toutes les couleurs, elle enseigne au petit dernier à maintenir la tradition du bouddhisme. Lui, écartelé entre le passé et l'avenir, ne se sent ni intégré ni gardien des traditions. Il se sent perdu. Par éclairs, il revoit des images d'avant, des souvenirs de là-bas. Une barque sur l'eau calme, un pays entier à réapprivoiser, à rejoindre.
Oui, c’était bien une île de rêve, mais pas seulement celui des vacances sur des plages de sable blanc, pas celui que nous avions eu avant que mon père disparaisse, oui, c’était bien une île de rêve, d’un rêve si puissant que des hommes, des femmes, des enfants n’hésitaient pas à embarquer sur des bateaux de fortune, vétustes, surchargés, des hommes, des femmes et des enfants n’hésitaient pas à embarquer sur des pneumatiques pour rejoindre Lampedusa, quitte à y laisser la peau… Il fut un temps où la famille rêvait de passer les vacances d’été sur Lampedusa, cette île étroite au large de la Sicile. Une fois le père disparu, le rêve s’est évanoui, la mère et ses deux filles ont quitté le village pour venir s’installer, plus bas, dans une cité au bord du Paillon. L’aînée en éprouve un chagrin violent et silencieux. C’est elle qui raconte…
Quand on est le fils d’un montreur d’ours, d’un Ursari, comme on dit chez les Roms, on sait qu’on ne reste jamais bien longtemps au même endroit. Harcelés par la police, chassés par des habitants, Ciprian et sa famille ont fini par relâcher leur ours et sont partis se réfugier à Paris où, paraît-il, il y a du travail et plein d’argent à gagner.
Dès l’arrivée dans le bidonville, chacun se découvre un nouveau métier. Daddu, le montreur d’ours, devient ferrailleur, M’man et Vera sont mendiantes professionnelles, Dimetriu, le grand frère, est « emprunteur » de portefeuilles et Ciprian, son apprenti.
Un soir, Ciprian ne rapporte rien de sa « journée de travail ». C’est qu’il a découvert le paradis, le « jardin du Lusquenbour », où il observe en cachette des joueurs de « tchèquématte ». Le garçon ne connaît rien aux échecs mais s’aperçoit vite qu’il est capable de rejouer chaque partie dans sa tête. C’est le début d’une nouvelle vie pour le fils de l’Ursari…
Berta, Rachid, Stéfano, Ángel, Lucía, Gil et Nor.
Celle qui a perdu le carnet.
Ceux qui vivent de petits trafics.
Celui qui s’est installé ici après la mort de sa femme.
Celle qui cherche un travail honnête.
Celui qui veille sur son jeune voisin et lui transmet tout ce qu’il sait.
Celui qui a quitté son pays au péril de sa vie. Ils n’ont ni le même âge, ni la même nationalité, ni la même langue, ni les mêmes soucis. Un seul point commun : tous sont des habitants de la Tour, ce bloc confus, fébrile et bruyant d’une banlieue pauvre de Séville.
Un jour, Nor manque à l’appel dans la classe où Ángel enseigne la philo. Mais il lui a laissé une lettre : il est parti chercher son frère qui doit arriver de Guinée par bateau, à la merci des passeurs et de la tempête annoncée. Alors, tout se met en branle. Et parce que Ángel se décide à sonner à la porte d’un voisin, tous ces gens qui s’ignoraient vont comprendre qu’ils font partie de la même histoire.
Regina vient d’Ouzbékistan. Sur la place d’une ville allemande, dans la nuit et le froid, elle attend, seule. Son père a été assassiné sous ses yeux, sa mère a fui précipitamment en Europe. Mais la jeune réfugiée veut croire au pouvoir de la mémoire, croire en un monde meilleur. Pour sublimer l’attente, elle se rappelle sa vie passée et les gens qu’elle a aimés…