Thème « Maroc »
Le père de Mustafa a un magasin de tapis. Quand les touristes étrangers arrivent, il leur dit : « Welcome », « Bienvenue », « Beautiful »... Il aimerait bien que son fils apprenne lui aussi les langues étrangères.
Dans le magasin, il y a un tapis que Mustafa adore. Personne ne semble en vouloir parce qu'il a un trou au milieu. Ce trou, Mustafa s'en moque. Au contraire, il le trouve très pratique : il peut mettre le tapis sur sa tête et regarder par l'ouverture.
«Je te donne ce tapis », lui dit son père, « mais tu me promets d'apprendre les langues étrangères ».
« D'accord », répond Mustafa, mais dès la première leçon, il s'ennuie si profondément qu'il quitte la maison en courant. Il va alors au marché, son tapis sur la tête. Et là, il trouve un étrange moyen d'apprendre quelques mots étrangers... et de faire venir beaucoup, beaucoup de monde dans le magasin de son père.
Casablanca, Maroc, 1969. La famille de Zima est une famille comme tant d'autres, nombreuse, unie, chaleureuse. Une famille musulmane plutôt plus libérale que les autres : quand les parents apprennent que Zima, huit ans, s'est enfuie de l'école coranique parce que le maître y frappe ses élèves, ils ne l'obligent pas à y retourner. Une famille plus égalitaire, aussi, où le père participe aux tâches domestiques. Une famille où l'on cultive le goût du savoir, de la discussion et de l'écoute. La vie pourrait être tranquille, mais voilà, dans ces années où partout autour du monde fleurissent des idées nouvelles et des espérances folles, Amrar, le frère aîné de Zima, se met à sortir la nuit avec des cartables bourrés de papiers, il refait le monde avec des amis, il rédige un journal clandestin qui parle de pays où les travailleurs sont respectés, où la parole est libre et où la télévision montre autre chose que les faits et gestes du roi... Et une nuit, Amrar ne rentre pas.
C'est comme militante d'Amnesty Internationnal que Joke Van Leeuwen a eu connaissance dans les années 70 du dossier d'un étudiant marocain emprisonné pour délit d'opinion et avec qui elle a échangé de nombreuses lettres. Elle est devenue amie avec la famille du garçon, dont sa soeur, Malika Blain, qui vit aujourd'hui en France et l'a autorisée à raconter l'histoire à partir de ses souvenirs.