Thème « maltraitance »
Parfois, quelqu’un change votre nom et vous devenez Mô-Namour. Parfois, ce même quelqu’un dit qu’il veut jouer et vivre avec vous, mais il ne fait que vous obliger à lui faire des gâteaux, vous prendre pour une balle, et vous envoyer partout à coups de coups. Parfois, quelqu’un d’autre, une étoile tombée de votre douleur, par exemple, vient vous dire la vérité : Hiltedi Kiltème Mézilteveu Dumal. Alors il faut partir, chercher ailleurs la paix. C’est ce qui est arrivé à Isée. Elle était devenue orpheline, elle était devenue une victime, mais ça ne pouvait pas durer.
Jordan, dit Bouboule, et Arthur, dit Quatzieux, n’ont aucune raison d’être amis. L’un est en échec scolaire et ne songe qu’à manger ; l’autre est premier de la classe et soigne à l’excès son vocabulaire. Pourtant, ils ont un point commun qui les rend inséparables. Tous les deux ont le même tortionnaire. L’affronter, ils n’y songent pas. Alors ils l’évitent en se cachant dans un container. Jusqu’à quand durera leur calvaire ?
Chaque jour est un combat dans les rues bondées de Chennai, en Inde. Et lorsque Viji et sa soeur, Rukku, fuguent pour ne plus subir la violence de leur père, la situation semble sans espoir. Dans un monde impitoyable et dangereux, où nul n’accorde un regard aux parias, elles sont des plus vulnérables. Mais leur rencontre avec deux jeunes sans-abri, sur un pont en ruine, va peut-être tout changer.
Elle est douce, il est caractériel. Elle est gracieuse, il est rebelle. Elle se raconte des histoires, il est taiseux. Ainsi sont les jumeaux Gladys et Vova, aussi dissemblables qu’inséparables.
Très tôt orphelins dans un Caucase russe aux allures de décor de conte cruel, ils sont ballottés d’institution en famille d’adoption. De l’orphelinat misérable jusqu’aux richissimes Baldessari qui les accueillent à Paris, ils sont mal-aimés ou trop choyés, par des adultes qui les considèrent comme leurs jouets.
Et à quel fil se retenir quand ces adultes ne cherchent qu’à les séparer d’eux-mêmes et de leur passé ? Portés par l’amour du théâtre, Gladys et Vova mettront tout en oeuvre pour échapper à leur destin de marionnettes. Et découvrir, enfin, leur famille de coeur.
Lorsqu’il pousse la porte de la bibliothèque municipale pour la première fois, Kévin Pouchin espère y trouver un peu de chaleur. Il ne demande rien d’autre. Et surtout pas un livre qui le ferait passer aux yeux de son père et des petites frappes du collège pour une chochotte ou un traître à sa famille ! Mais il est déjà trop tard. Kévin Pouchin vient de changer de trajectoire et de basculer dans le camp honni des binoclards. À la bibliothèque, il croise Laurie, la première de la classe de troisième D, ainsi qu’Irène, une mamie volcanique bien décidée à oeuvrer pour « l’élévation spirituelle » de son nouveau protégé. Grâce à ses singulières alliées, Kévin va lire en cachette le premier vrai livre de sa vie : L’Attrape-coeurs. Le roman n’est pas aussi nunuche que son titre le laisse penser et son héros, Holden, lui ressemble comme un frère…
Petite est toute nouvelle, mais elle est très douée. Quand elle effleure de ses doigts translucides le bouton d’un pull, elle capte l’histoire de ce bouton : un pique-nique sur une colline, une nuit d’hiver au coin du feu, et même la fois où on lui a renversé dessus un peu de thé…
Bientôt, Petite sera capable de combiner ces fragments d’histoires avec d’autres souvenirs collectés à partir d’une photo, d’une assiette ou d’un tapis afin d’en faire des rêves très doux pour les humains. Chaque nuit, elle s’entraîne à devenir passeuse de rêves dans la maison où vivent une vieille femme et son chien.
Mais la formation s’accélère brutalement lorsque la vieille femme se voit confier par les services sociaux un jeune garçon. Il s’appelle John et il est très en colère. Une colère si profonde que les Saboteurs, maîtres des cauchemars, risquent de le repérer. Petite sera-t-elle suffisamment forte pour leur résister ?
De quoi nos rêves sont-ils faits ? Lois Lowry y répond de bien jolie manière dans ce roman entre fantastique et poésie.
L’auteur du Passeur s’intéresse une nouvelle fois à toutes ces bribes du passé, celui d’hier et celui du temps jadis, qui composent nos vies et hantent nos rêves. Comme la vieille femme de son roman, Lois Lowry s’est installée avec son chien dans une grande maison à Cambridge, dans le Massachusetts.
Suzie vit avec sa mère et son père : un homme violent. Pour échapper à ces tempêtes quotidiennes, elle va se réfugier soit chez son grand-père, soit au pied d’un arbre : un saule-pleureur. Au premier qui ne voit rien de sa souffrance bien qu’il l’aime, elle ne dit rien. Au second, auquel elle prête une voix, elle parle. L’arbre l’écoute, la gronde, la console, la fait rire, l’encourage à danser. Mais rien ne change. Jusqu’au jour où éclate une tempête, une vraie.
Triny et Terrence n'auraient jamais dû se rencontrer. Terrence est un garçon bien élevé, premier de sa classe, appelé à faire de brillantes études, tout le monde le dit ; tandis que Triny est rom, elle n'est pas restée à l'école bien longtemps. Plus tard, elle élèvera des chevaux. Ils ont pourtant un point commun : tous deux ont fugué. Ils ont fui leurs pères autoritaires, tyranniques, exigeant d'eux une obéissance inconditionnelle. Il fallait bien que Terrence et Triny finissent pas se rencontrer. Reste à savoir comment.
Il revient de loin, Edward. Jusqu’à l’âge de 7 ans, il a vécu enfermé dans un appartement avec sa mère, sous l’emprise d’un homme alcoolique et violent. Lorsqu’il est délivré de son bourreau, il peut enfin découvrir le monde qui l’entoure. Mais est-il libre pour de bon ? Recueilli par les services sociaux, puis ballotté de famille d’accueil en famille d’adoption, Edward se construit en tentant d’oublier son passé. Mais au fil des années, ce passé le suit pas à pas et ne cesse de se rappeler à lui. La force, le courage et la volonté lui suffiront-ils pour lui échapper ?
Deux adolescents sont enfermés dans une grange et se livrent à une étrange cérémonie. Ligoté par Razou, Radieux a pour obligation de raconter, voire d'inventer l'histoire de son ami d'infortune : ils ont été abandonnés l'un et l'autre dès la naissance. La souffrance de Razou est telle qu'elle ne peut se dire autrement que par le chaos. Radieux double de lui-même a les mots que l'autre n'a pas. Peu importe lesquels, pourvu qu'ils donnent à Razou un destin. La machine s'emballe. Jusqu'où peuvent-ils aller ?
Lori n'a pas eu une enfance facile. Son père est mort jeune, d'un accident. Sa mère n'a jamais gardé très longtemps le même emploi ni le même fiancé. Ce n'est pas du tout une mauvaise mère, mais elle a un petit penchant pour l'alcool et le chic pour tomber sur des types pas terribles. Lori n'est encore qu'une adolescente, mais elle en sait beaucoup plus long sur pas mal de choses que la plupart des filles de son âge. Elle a un corps de femme, des désirs de petite fille, et sait parfaitement tirer parti de la fascination qu'elle exerce sur les hommes. De temps en temps, elle fugue. Parce que le dernier petit ami de sa mère lui fait des avances, ou pour courir après un chanteur de rock dont les chansons l'obsèdent.
Eric Poole n'a pas tout à fait dix-huit ans. Dans quelques jours, il va être libéré d'un centre de détention pour mineurs, où il a été incarcéré pour le double meurtre de sa mère et de son beau-père. Il a bénéficié de circonstances atténuantes : mauvais traitements. Personne ne sait qu'il se les était infligés lui-même. Eric est un malade, un psychopathe. Il a tué plusieurs jeunes femmes et s'apprête à recommencer. L'inspecteur Jake Proctor est convaincu du danger qu'il représente, mais n'a trouvé aucune preuve pour empêcher sa libération.
Lori et Eric se sont déjà croisés une fois, Lori n'était encore qu'une petite fille. Elle pense qu'il lui a sauvé la vie ce jour-là. Elle est amoureuse de lui. Ils vont se croiser à nouveau et vivre quarante-huit heures ensemble. Lori pourrait être la prochaine victime d'Éric. Elle pourrait aussi le sauver. Ce ne sera ni l'un ni l'autre.
Derrière la porte, il fait froid, la saleté règne, il y a Damien. Cette porte, c'est la porte du grenier. C'est là que vit Damien. Sa belle-mère, qu'il doit appeler Madame, en a décidé ainsi. Quand elle ne l'enferme pas à la cave, pour le punir de bêtises imaginaires et passer ses nerfs sur lui, elle lui arrache des poignées de cheveux. Quand elle ne l'oblige pas à avaler ce qu'il vient de vomir, elle le prive totalement de nourriture. Damien est tout maigre, il ne dort plus. Sa vie est un enfer. Son père qui travaille au loin n'est jamais là pour le défendre. La fille de Madame, Lorraine, se tait. Janine, la bonne, se résigne. La Grand-mère, gâteuse, ne lui est d'aucun secours. Elle ne sait plus dire qu'une phrase, chaque fois qu'elle entend du bruit : « Si c'est toi, Lili-Catherine, tu peux repartir tout de suite ! » Damien se demande qui est cette mystérieuse Lili-Catherine. Et un beau jour, de découverte en révélation, il finit par l'apprendre. Lili-Catherine, cette inconnue, est la personne idéale pour aider Damien dans la vengeance qu'il a entreprise contre Madame, à coups d'épingles dans une poupée de cire. Elle peut enflammer les arbres. Elle peut accidenter les voitures. Elle peut briser les miroirs et déchaîner les pianos. Elle peut tuer. Elle a de l'expérience. Cela fait quinze ans qu'elle est morte.
Après « L'Enfant des ombres » et « La Marque du diable », Moka continue de plus belle dans la veine épouvanto-fantastique qui fait d'elle la Stephen King française.
Ils sont rares, les livres dont la seule dédicace porte, en trois lignes, l’essentiel du propos. L’Enfant, de Jules Vallès, en fait partie.
« À tous ceux qui crevèrent d’ennui au collège ou qu’on fit pleurer dans la famille, qui, pendant leur enfance, furent tyrannisés par leurs maîtres ou rossés par leurs parents, je dédie ce livre », écrit l’auteur en épigraphe du premier tome de sa trilogie autobiographique.
Pourquoi ressortir ce classique des oubliettes ? Parce que les souffrances infligées aux enfants et aux collégiens dans les années 1840 ne sont pas passées de mode, loin s’en faut. Nous espérons que ceux qui crèvent d’ennui au collège et qu’on fait pleurer dans leur famille trouveront dans cette lecture non seulement la consolation, mais des armes pour se défendre.
Pourquoi l’abréger ? Parce que le texte de Vallès est comme un torrent de révolte, répétitif dans son fracas, insistant dans ses éclaboussures. Pour qu’il soit lisible et portatif par les collégiens d’aujourd’hui, pour les indignés de demain.
L'Enfant, paru en 1879 est le premier tome de la trilogie Jacques Vingtras. Les tomes suivants sont Le Bachelier et L'Insurgé.
Par une nuit de janvier 1690, alors que la tempête se lève sur la Manche, une petite troupe d’individus patibulaires s’embarque à la sauvette et quitte la côte anglaise en abandonnant à terre un garçon de 10 ans.
Pourquoi cette fuite et pourquoi cet abandon ? La réponse à cette question se trouve en quelque sorte gravée dans le visage de l’enfant, et pèse d’un poids tragique sur la conscience des fuyards. Chacun va vers son destin. Celui du garçon s’accomplira au prix de révélations qui lui découvriront qui il est au juste, et pourquoi on a conspiré à faire de lui un monstre.
Mieux encore que Les misérables ou que Notre-Dame de Paris, ce livre démontre la toute-puissance d’une plume inspirée. Dans ce roman à couper le souffle, Victor Hugo, champion poids lourd de la littérature, charge son encre du credo progressiste, auquel sa force de frappe donne un écho formidable. Ces pages nous arrivent toutes sonores des « coups de gueule » d’un génie débridé. Elles déclenchent l’enthousiasme.
Les menaces, les cris, les coups, ce soir c’en est trop. Une course à pied dans la nuit, un bus, un train, un car, et puis encore de la marche, une longue marche dans des sentiers de montagne… Et les voilà arrivées au refuge.
Mila n’est pas vieille et sa mère n’est pas veuve. Pourtant c’est là, avec Catherine, Mado, Marguerite, Clémence et les autres qu’elles vont trouver leur place. Loin de tout. Loin des hommes. Loin de leur violence. Ici, aux Ouches, des vieilles femmes blessées ont décidé de vivre en communauté, de restaurer les bâtisses, de partager l’essentiel, de se serrer les coudes, de se panser le coeur. La mère de Mila connaît l’une d’entre elles, et l’appelle « nourrice ».
La vie s’organise, rude et douce. Mila étudie, fait la lecture, se découvre des forces inconnues et un amour inattendu pour la montagne et sa sauvagerie. Elle se surprend à espérer que cette vie pourra durer. Elle se trompe. Là-bas, en ville, dans les brumes de l’alcool, les hommes ruminent une vengeance atroce.
Elle se souvient de ses parents immigrés décidés à donner à leur fille unique un destin meilleur que le leur ; de son père surtout, convaincu que pour échapper à la misère et à l’ignorance une éducation exemplaire est nécessaire. Elle a dix ans, elle aimerait juste être comme les autres, s’amuser, rêver, partir en vacances, se rendre aux anniversaires de ses amies. Son père ne veut pas. Son père la surveille. Son père la corrige. Pour son bien
Je maîtrise l’art de m’extraire de moi-même
Je n’ai plus honte Je ne suis plus fautive
Je ne pense plus Je ne juge rien
Je n’en veux à personne
J’ai acquis sous les coups
Une force
Je comprends que des choses se passent autour de moi
Je sais qu’on réclame moins de cris
Je sais que celui qui crie Hurle aux autres de se taire
Pour qu’il accomplisse sa tâche Celle de punir.