Thème « Histoire : 18e siècle »
1717. Louis XIV est mort depuis deux ans. Pour lui rendre hommage, l’immense statue de douze tonnes de bronze, fabriquée à Paris trente-deux ans plus tôt, doit enfin être érigée dans la bonne ville de Montpellier. Il s’agit de la transporter jusque-là. Et en ce début de XVIIIe siècle, ce n’est que par bateau que le voyage peut s’effectuer. D’un port de la capitale au Havre, sur la Seine, puis jusqu’à Bordeaux, par la mer, et enfin en remontant la Garonne jusqu’au canal du Languedoc, Clément, un jeune marin, accompagne le monument. Changements de bateaux, naufrages, embûches… Clément n’est pas au bout de ses surprises !
En 1735, Esther Brandeau a quatorze ans. Fille illégitime d’un marchand d’étoffes réputé, elle vit dans un village du sud de la France. Sa famille veut arranger un mariage avec un chiffonnier afin de préserver sa réputation, et Esther s’enfuit. Mais la vie sur les routes est pleine de dangers pour une jeune fille, juive de surcroît. Alors Esther se travestit et elle va vivre plusieurs vies : tour à tour protégée d’une courtisane, boulanger, matelot, elle devra, pour se sauver des périls, changer plusieurs fois d’identité. Portée toujours par l’espoir de retrouver Philippe, un marin qui lui a permis de réchapper d’un naufrage, elle tombe d’un monde dans un autre, et du Vieux Monde dans le Nouveau.
Elle traverse l’océan et arrive à Québec, dans la province de la Nouvelle-France. Mais, à cette époque, la Nouvelle-France est une colonie catholique, et l’entrée en est interdite aux personnes de confession juive. Jusqu’où Esther sera-t-elle prête à aller pour accomplir son destin ?
Frankenstein est un roman épistolaire, comme les affectionnait le XVIIIe siècle, dans lequel viennent s’enchâsser plusieurs récits : un récit-cadre, celui du capitaine Robert Walton qui relate à sa soeur Margaret ses aventures maritimes alors qu’il vogue vers le pôle Nord. Là, il rencontre un savant, Victor Frankenstein, qui lui raconte son histoire : ses recherches l’ont amené à donner vie à une créature fabriquée à partir de plusieurs morceaux de cadavres. Le troisième récit est celui de la créature elle-même, qui narre à son tour son histoire. Repoussée de tous, elle réclame une compagne au savant. Il est sur le point d’obtempérer quand il renonce, comprenant qu’il s’apprête à créer une horrible lignée. Mais le monstre va se venger…
Une auberge isolée, une crique battue par les vents… Survient un vieux marin avec pour seul bagage un coffre mystérieux. Ses récits empourprés du sang versé par les pirates vont épouvanter les habitués du lieu. Et ce n’est pas la paranoïa du vieux loup de mer qui rassure le jeune narrateur, Jim Hawkins : ne lui donne-t-il pas, en effet, quelques sous pour « veiller au grain », quand lui-même passe ses journées à scruter l’horizon du haut des falaises ?
Ainsi commence le plus célèbre des romans d’aventures : ce n’est pas le héros qui part à l’aventure, c’est l’aventure qui vient à lui. Et lorsque le terrible capitaine meurt dans de tragiques circonstances, Jim trouve dans son coffre une carte qui l’entraînera à travers les océans à la recherche du plus fabuleux des trésors.
Pirates, mutineries, affrontements sanglants, trahisons et coups de théâtre : il y a dans L’Île au trésor tous les ingrédients du roman d’aventures moderne, et bien plus encore.
L’Île au trésor figure au programme de français des classes de cinquième.
Il ne passe pas grand monde à l’auberge de l’Amiral Benbow. Elle est très isolée et à l’écart des routes fréquentées. Alors, le jour où un vieux marin qui se fait appeler « le Capitaine » débarque avec sa malle en posant une poignée de pièces d’or sur le comptoir, c’est une aubaine. C’est du moins ce que pensent les parents de Jim Hawkins, le fils de la maison.
Mais voilà… Le Capitaine a de curieuses manières et de drôles d’amis qui ne lui veulent pas que du bien ! Qu’il s’agisse de Chien Noir ou de Pew l’aveugle, ils ne reculent devant rien et semblent prêts à tout pour récupérer la malle du marin. Même à tuer.
Que peut-elle bien contenir ? Ce que Jim y découvrira le soir même de la mort du Capitaine va l’entraîner sur les mers, dans des aventures plus lointaines et plus risquées que tout ce qu’il aurait pu imaginer.
Voilà de longues semaines que l’Hispaniola a pris la mer lorsque enfin la vigie hurle : « Terre en vue ! » À son bord, le jeune Jim Hawkins, qui a trouvé la carte de la mystérieuse île au trésor, et ses amis, le docteur Livesey et le châtelain Trelawney. Quant au reste de l’équipage, Jim a découvert qu’il est constitué d’anciens pirates qui, sous la houlette de l’inquiétant Long John Silver, rêvent de mettre la main sur le trésor du vieux Flint.
La perspective de l’or enflamme les esprits, et la menace d’une mutinerie plane sur la goélette.
Jim et ses amis décident alors d’abandonner le navire et de se réfugier dans un fortin découvert par hasard au fond d’une crique. Un fortin ? L’île est pourtant réputée déserte. Qui donc a bien pu le bâtir ? Mais il est trop tard pour se poser des questions. Les premiers coups de mousquets éclatent. Les hommes de Long John Silver passent à l’attaque !
Accaparés par la recherche du trésor enterré quelque part sur l’île, les pirates n’ont laissé la garde de la goélette qu’à deux d’entre eux. À la faveur de l’obscurité, Jim tente d’en couper les amarres pour échouer le navire sur la côte.
C’est compter sans les courants qui l’entraînent vers le large. Recroquevillé au fond de sa barque de fortune, Jim dérive toute la nuit et croit sa dernière heure arrivée… Mais, au matin, l’île est toujours en vue, et le navire aussi. Jim parvient à s’en emparer au terme d’une terrible lutte mais à peine revenu à terre, le voilà prisonnier des hommes de Long John Silver.
Plus déterminés que jamais, les pirates l’entraînent à la recherche de l’or du vieux Flint.
« Je suis ici pour trouver le trésor, lance Long John Silver, et le diable lui-même ne m’en empêchera pas. » Et s’il y avait plus fort encore que le diable, monsieur Silver ?…
Paris, 1783. De drôles de préparatifs ont lieu dans les jardins de la Folie-Titon. Frottements de tissu, bruits de soufflet de forge, bois cogné…
Quel monstre se débat là ? Quelle construction s’édifie ? Heureusement que chez les voisins vit Lisette, une petite fille très curieuse, et qui aime écrire.
C’est elle, en tenant son journal, qui va nous raconter jour après jour la naissance du premier ballon, que personne n’appelle encore la montgolfière, sa rencontre avec les frères Montgolfier, François Pilâtre de Rozier, et même le roi de France à Versailles, et toutes les péripéties des vols d’essai !
Canton, 1770. Shi Yu n’a jamais connu ses parents. Agée de six ans, elle travaille pour l’aubergiste Bai Bai qui ne ménage pas insulte et coups de fouets. Un jour, à l’auberge, elle rencontre Li Wei, un jeune homme expert en arts martiaux. Yu le convainc de lui apprendre à se battre : la jeune fille a du talent, ça se voit tout de suite. Lorsque, quelques années plus tard, elle est enlevée par les pirates de l’équipage du terrible Dragon d’Or, ce sont ses talents de combattante qui lui sauvent la vie : au lieu de la tuer, Dragon d’Or l’engage dans l’équipage. C’est le début de l’ascension de Yu dans le monde de la piraterie. À dix-neuf ans, elle devient commandante d’une flotte entière. Son nom terrorise la mer de Chine, sa force semble inexorable… Mais sa renommée extraordinaire lui a créé un ennemi aussi puissant que mystérieux, qui est prêt à tout pour détruire le wushu de l’Air et de l’Eau, le style d’arts martiaux légendaire dont la jeune fille est devenue la dernière disciple.
Été 1792. Deux individus à l’air louche arpentent les collines qui entourent le village de Mennecy. Ils installent des longues vues et d’autres drôles d’appareils… Qui sont-ils ? Des espions prussiens qui préparent l’invasion de la France ? Ou des sorciers ? D’abord inquiets, puis intrigués, Joseph, Pierre et sa sœur Lucie, trois amis inséparables, décident d’aller y voir de plus près. Ce qu’ils découvrent est extraordinaire. Ces hommes sont deux astronomes envoyés en mission par l’Académie des Sciences pour mesurer la France. Leurs calculs vont permettre d’inventer une nouvelle et unique unité de mesure : le mètre…
1798. Depuis que l’armée du général Bonaparte a chassé les anciens maîtres du Caire, les mamelouks, la ville se transforme. Les palais sont investis par les savants qui accompagnent l’expédition d’Égypte. Parmi eux, l’un des plus originaux, Geoffroy Saint- Hilaire, 26 ans, est arrivé avec une véritable ménagerie, en cages et en bocaux… Nabil, le jeune esclave du cheikh al-Bakrî, l’un des grands sages de la ville, se met à fréquenter le cabinet de curiosités du naturaliste, au point d’y trouver sa vocation : il veut devenir taxidermiste ! Le hic, c’est qu’il ne peut pas quitter son premier maître comme ça, d’autant plus que Sélim, le fils du cheikh, est aussi son ami…
Depuis sa passion d’enfant pour les petits soldats de plomb, Thibaud Guyon aime jouer à explorer les coulisses des exploits historiques, des grandes aventures, et braquer sur elles un oeil naïf. Ici, c’est non seulement un petit garçon mais un Égyptien, dont le pays est envahi par les Français, qui porte sur les savants de l’expédition de Bonaparte un regard curieux. Nabil, son héros, a vraiment existé.
Thibaud a trouvé sa trace dans le journal de Geoffroy Saint-Hilaire, dont le journaliste et romancier Robert Solé cite de nombreux extraits dans son livre Les savants de Bonaparte.
Sophie Germain est une mathématicienne du 19ème siècle, une pionnière qui s’est frayée un chemin dans le monde scientifique grâce à sa détermination et son culot. À treize ans, pour échapper à la tourmente révolutionnaire, Sophie Germain se réfugie dans les maths qu’elle apprend en cachette. En 1797, elle se fait passer pour Le Blanc, un étudiant, afin d’obtenir les cours de Polytechnique. Elle utilise le même pseudo pour correspondre avec les plus grands mathématiciens de son temps et en 1816 devient la première femme récompensée par l’Académie des sciences. Une success story ? Pas vraiment. Malgré son audace et son talent, Sophie Germain, la femme cachée des maths, retombera vite dans l’oubli. Il est temps pour elle d’entrer dans la lumière…
En 1799, dans les derniers jours du Directoire, à la veille du coup d'État de Bonaparte (18 brumaire, an VIII), la guerre civile continue à sévir dans les départements de l'Ouest et spécialement en Bretagne. Les contre-révolutionnaires fidèles à la royauté, soutenus par les prêtres et encadrés par des nobles rentrés clandestinement de l'émigration, combattent la République avec la sauvagerie du désespoir. Les Chouans ainsi nommés parce que leur cri de ralliement est celui de la chouette - harcellent les troupes du général Hoche, "pacificateur" de la région.
Embuscades, répression et tueries - tel est le climat de ce roman placé par Balzac parmi ses Scènes de la vie militaire et dont l'action (inspirée de faits historiques réels) se déroule dans la région de Fougères. Il met aux prises la coriacité paysanne, incarnée par le terrible Marche-à-Terre, et les vertus martiales que représente le rude et brave commandant Hulot; cet affrontement ne doit pas faire oublier les évolutions plus troubles auxquelles se livrent dans l'ombre quatre personnages, mi-espions, mi-mondains : un agent du ministre de la Police Fouché, une jeune femme très belle, un soi-disant marin et sa prétendue mère. Entre eux, la partie va se jouer serrée, au cours de laquelle l'héroïsme, le machiavélisme et l'amour vont avoir leur mot à dire. La mort aussi est au rendez-vous. Et peut-être que, sous le rapport de la violence, les choses ont malheureusement peu changé.
L'époque, pourtant, était assez différente de la nôtre : en ce temps-là, on va le voir, un homme n'hésitait pas à tenir, dans son poing, un charbon ardent, pour obtenir d'une femme simplement le droit de lui parler !
Librement inspirée de la vie de Savinien de Cyrano de Bergerac (1619-1655), Cyrano de Bergerac est représenté pour la première fois le 28 décembre 1897. Edmond Rostand qualifiait sa pièce de « comédie héroïque ». Car Cyrano est un héros, un mousquetaire intrépide, dont la vie s’organise autour des valeurs de l’amour et de l’honneur. Amoureux de Roxane, il n’ose se déclarer, car elle est belle et il est laid (à cause de son fameux nez !). Alors, par amour, il va protéger Christian, son rival, allant jusqu’à l’aider à séduire Roxane (sous un fameux balcon !).
Comment ne pas être séduit par ce personnage à la fois soldat, musicien, astronome et poète, qui improvise l’amour sous les balcons, tire son épée pour l’honneur, se sacrifie pour son ami et signe toutes ses actions de poésie et de panache ?
« Pour vivre heureux, vivons cachés », « Chacun son métier, les vaches seront bien gardées »… Qui sait aujourd’hui que l’on doit ces formules au plus prodigieux des fabulistes du XVIIIe siècle, Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794) ? Florian, dont la brève existence fut un
véritable tourbillon, professait qu’il est, en matière d’écriture, un principe souverain : l’art de « conter gaiement ».Chacune des pièces du petit recueil qu’il publie en 1789 est donc une véritable fête de l’esprit. Les animaux, les hommes, les dieux mêmes se combattent,
s’entraident parfois en une série de petits tableaux vivants dont la modernité étonnera le lecteur d’aujourd’hui. Si Florian, tout comme son oncle, le grand Voltaire, déteste la superstition, les injustices et la guerre, il a pour la nature une tendresse particulière. Le chien, la brebis, le rhinocéros, la vipère, la guêpe s’étonnent de la brutalité des hommes, le pauvre bouvreuil meurt de leur indifférence, et il faut toute la sagesse de l’éléphant blanc pour nous faire comprendre ce que l’humanité gagnerait à simplement observer les animaux.Écologiste avant l’heure, Florian nous avertit que l’intérêt nous conduit à la ruine et qu’il y a urgence à trouver la paix de l’esprit au coeur d’une « retraite profonde », dans l’un de ces asiles qu’offre la nature.
Par une nuit de janvier 1690, alors que la tempête se lève sur la Manche, une petite troupe d’individus patibulaires s’embarque à la sauvette et quitte la côte anglaise en abandonnant à terre un garçon de 10 ans.
Pourquoi cette fuite et pourquoi cet abandon ? La réponse à cette question se trouve en quelque sorte gravée dans le visage de l’enfant, et pèse d’un poids tragique sur la conscience des fuyards. Chacun va vers son destin. Celui du garçon s’accomplira au prix de révélations qui lui découvriront qui il est au juste, et pourquoi on a conspiré à faire de lui un monstre.
Mieux encore que Les misérables ou que Notre-Dame de Paris, ce livre démontre la toute-puissance d’une plume inspirée. Dans ce roman à couper le souffle, Victor Hugo, champion poids lourd de la littérature, charge son encre du credo progressiste, auquel sa force de frappe donne un écho formidable. Ces pages nous arrivent toutes sonores des « coups de gueule » d’un génie débridé. Elles déclenchent l’enthousiasme.