Thème « feu »
« Qu'est-ce que c'est au juste qu'un dragon? » demande le jeune Dong-Dong à son grand-père. Celui-ci lui explique que le dragon est un animal fabuleux, qui était assez mal vu en Occident au Moyen Âge, mais qu'on a toujours vénéré en Orient. En Chine, on a même une raison très précise de lui être reconnaissant et de le célébrer chaque année. « Voici laquelle... » Heureusement, il y aura toujours (en Chine et ailleurs) des grands-pères qui prendront plaisir à raconter de belles légendes à leurs petits-fils.
Le feu, la tribu des Oulhamr le possède : elle sait l’entretenir… mais pas le fabriquer. Un jour, au cours d’une bataille contre un clan rival, les cages où il est conservé sont détruites. Les Oulhamr se savent condamnés. Faouhm, leur chef, promet sa fille et le commandement de la tribu à qui rapportera le feu. Deux volontaires relèvent le défi : Naoh, fils du Léopard, jeune homme puissant et rusé, et Aghoo, fils de l’Aurochs, dont tous redoutent la violence.
Le roman suit les traces de Naoh et des deux guerriers qui l’accompagnent dans une quête sans merci qui, après les avoir confrontés aux Hommes-sans-Épaules, Dévoreurs-d’Hommes, Nains Rouges et autres tribus sanguinaires, fera des « bêtes verticales » des êtres humains.
Le Feu, sous-titré Journal d’une escouade, paraît d’abord en feuilleton, dans L’OEuvre, à l’automne 1916. Le succès est tel qu’il paraît en volume dès la fin du mois de novembre et obtient le prix Goncourt la même année. Aujourd’hui encore, le nom de Barbusse reste attaché à ce récit, à la fois témoignage et hommage « à la mémoire des camarades tombés à côté de moi à Crouy et sur la cote 119 ».
L’expérience des tranchées, vécue volontairement en tant que simple soldat, va transformer Barbusse en porte-parole des poilus, ses frères d’armes, ceux à qui la parole est confisquée – et en porte-voix de la réalité de la guerre à destination des civils, ceux de « l’arrière », à qui la guerre est étrangère, ceux qui continuent à vivre, qui sont heureux « quand même ». Son témoignage va relier « l’arrière » et « l’avant », rendre accessible aux uns la réalité des tranchées tout en libérant la parole des autres.