Thème « exclusion »
Demain, à l’aube, les démolisseurs viendront, et la vieille maison du phare sera détruite. Pendant treize ans, tous les étés, Perle y retrouvait Logan, son ami de toujours et c’est lui encore qu’elle choisit pour y passer la dernière nuit. Tandis qu’ils sauvent encore quelques vestiges de la maison, Perle trouve de vieilles cartes qui parlent de la Mer Rouge, de l’Erythrée, de l’Ethiopie, de grands voyages. Perle s’exalte ; Logan se trouble. Elle devine qu’il lui cache quelque chose de grave. C’est la première fois qu’ils ne partagent pas un secret, et ça lui fait mal.
Depuis peu de temps, Marty vit chez sa grandmère. Tous les jours, il vient observer Emma, la fille qui chante de l’autre côté du grillage, dans le centre, un endroit où GranMa lui interdit d’aller traîner. Dans ce pays pourri où rien ne pousse, que des pommes de terre, Emma arrose un oranger qu’elle a planté. Les deux adolescents deviennent amis, au point que Marty, si solitaire jusque-là , confie à Emma son secret le plus lourd.
Marty — Tu crois vraiment que je dois lui dire ?
GranMa — Je crois rien du tout. Tu fais comme tu veux. Je dis juste qu’au moins, comme ça, tu seras fixé.
Marty — Et si elle revient plus?
GranMa — Ben tu feras ta tronche d’au moins six pieds de long. Et moi j’te cuisinerai des bonnes patates pour te consoler.
Marty — Génial.
GranMa revient s’asseoir en attendant que les frites cuisent. Les deux regardent la télé silencieuse. En silence.
Jordan, dit Bouboule, et Arthur, dit Quatzieux, n’ont aucune raison d’être amis. L’un est en échec scolaire et ne songe qu’à manger ; l’autre est premier de la classe et soigne à l’excès son vocabulaire. Pourtant, ils ont un point commun qui les rend inséparables. Tous les deux ont le même tortionnaire. L’affronter, ils n’y songent pas. Alors ils l’évitent en se cachant dans un container. Jusqu’à quand durera leur calvaire ?
C'est un pays qui n'a rien de particulier sauf que tous les habitants ont un long nez. Luc joue avec ses copains au ballon et ils se chamaillent à cause d'une montre perdue. L'un d'entre eux ramasse un tract qui les prévient de prendre garde à une dangereuse épidémie qui leur ferait perdre... leur nez ! Luc n'y croit pas. Il a tort. Il le perd et dès ce moment, tous l'excluent : ses voisins, ses amis et même ses parents. Comment pourra-t-il survivre ?
Lionel doit se rendre à un mariage. Nicole, l'amie de sa mère, épouse Victor, l'entraîneur d'aviron de Lionel. Sa mère lui intime l'ordre d'enfiler son costume qu'il n'aime pas et, surtout, de faire un effort pour bien parler. Lionel promet mais il a peur. Il ne peut pas s'empêcher de parler le pacanaima, une langue secrète qu'il a inventée, que seul Méli, son compagnon, sa poupée, comprend. Méli a été adopté par Lionel comme lui-même l'a été, autrefois, au Brésil. Le pacanaima, c'était un jeu au début : Lionel a mélangé les M et les Q. Cela produit de drôles de phrases com-me " les couches volent " à la place de : " les mouches volent. " La maîtresse est furieuse, sa maman a de la peine, son papa dit que ça lui passera. Mais malgré tous les efforts de Lionel, ça ne lui passe pas. Au cours de la cérémonie, Lionel est surpris par la voix d'une femme qui chante merveilleusement et par l'allure de sa fille : une grande, bizarre, tout habillée de jaune. Il l'appelle Sissi pieds-jaunes. À la sortie de la messe, la fille s'approche de lui. La voilà à présent qui pousse un cri strident, un cri de mouette. Sa mère et Nicole les surprennent et c'est la catastrophe. Lionel commence à parler et, malgré lui, le pacanaima revient. Nicole et sa mère rient. Lionel a honte. Il se sauve loin, au bord de l'eau. Sissi l'a suivi. Elle aussi essaie de parler, de se faire comprendre, et Lionel ne comprend rien. Sissi est sourde et muette. Peu à peu, elle essaie de lui apprendre son monde à elle. Et un miracle se produit.
C’est bientôt Noël mais pas pour tout le monde. Ceux qui vivent côté jardin auront bien chaud et plein de cadeaux ; ceux qui vivent côté cour auront froid et faim. Pieds nus, un petit homme découvre un carton dans la rue et n’a d’autre ressource que de s’y réfugier. Un enfant, bien botté, bien habillé s’étonne de le découvrir là . Son père le rassure. Ce n’est pas un homme, voyons, c’est un chien ! Et il pourrait être dangereux ! Le père ne croit pas s’y bien dire.
Louise vit au bout du monde, tout là -haut, dans une vallée belle et rude dont les rares habitants n’aiment pas se mélanger avec ceux « d’en bas ». Alors, quand un nouvel élève déboule dans la classe en cours d’année, Louise, comme les autres, pense à une erreur. Non seulement Chems n’est pas de la vallée, mais il est différent, avec ses cheveux longs, la couleur de sa peau, la vieille caravane dans laquelle il vit avec sa mère au milieu des bois…
C’est cette différence que Louise trouve attirante. Elle est bien la seule. Pour les autres, comme son père, un étranger n’a rien à faire dans la vallée où le travail manque, où la scierie du coin bat de l’aile.
Louise se sent coupée en deux. Mais Chems va prouver qu’il aime cet endroit comme s’il y était né. Quitte à le défendre au péril de sa vie.
Difficile, quand on a toujours habité à Paris, de se retrouver au beau milieu de la campagne, dans un village perdu du Berry, dans une nouvelle maison, avec une nouvelle école, un nouveau bus pour aller à l'école, et de nouvelles têtes à apprivoiser. C'est pourtant ce qui arrive à Fleur et à Pablo qui ont bien été obligés de suivre leur mère jusque dans ce pays. Un pays bizarre, plein de croyances, de maléfices et d'enchantements. Un pays qui compte, parmi ses habitants, une petite fille muette et têtue, une épicière superstitieuse, et, d'après les gens du coin, une sorcière. Une sorcière ? Et pourquoi pas deux tant qu'on y est... Justement, pourquoi pas ?
« On a beau faire, quelquefois, c’est comme si on avait le monde entier contre soi. Et au collège plus qu’ailleurs. Jugez un peu : Un cahier enfoui pour cacher de mauvaises notes ; le chien du proviseur, Eschyle, qui le déterre pour jouer ; des professeurs qui ont tout sauf le sens de l’humour et de la mesure, et qui tous me désignent comme coupable, aussitôt c’est la menace d’une exclusion définitive. Mais à Odessa, en 1895, être exclu du collège, cela veut dire être mis à l’écart de la société. C’est presque être condamné à mort. Alors, moi qui aime apprendre, moi qui veux apprendre, comment pourrais-je échapper à une telle sentence ? »
Un grand frère et sa petite soeur sont à l’intérieur d’un grand magasin. Pendant que leur mère tarde à finir ses courses, ils regardent, de l’autre côté de la vitre quelqu’un, couché sur le sol, les yeux clos, emmailloté de la tête jusqu’aux pieds. Pourquoi est-il là ? Et où était-il avant d’être là ? se demandent-ils. Est-il est déjà mort ou en train de mourir ? Il fait si froid dehors. Mais voici qu’il ouvre les yeux, les voit derrière la vitre, et leur fait signe. Que faire ?
La soeur — Je ne veux pas voir ça. Il me fait mal au cœur. Qu’est-ce qu’on peut faire ?
Le frère — Rien. C’est un adulte.
La soeur — Je vais voir.
Le frère — Non.
La soeur — Je sors.
Le frère — Tu ne bouges pas. S’il t’arrive quelque chose, c’est moi qui serai responsable.
La soeur — Qu’est-ce que tu veux qu’il m’arrive ?
Le frère — Je ne sais pas. Imagine qu’il ait une arme.
Quelque part à la campagne, la famille Bourgol. La mère, Muguette. Elle perd ses cheveux et elle prépare Marguerite à un concours pour en battre des vaches. Elle en fera une star ! Le père, Gilbert. Il est d'accord pour engraisser Marguerite. Faut qu'elle gagne ! La voisine, Greta. Autrefois cantatrice, elle vient tous les jours chez les Bourgol boire le café et prendre des nouvelles. Le fils, Ludovic. Il déteste sa famille, parle anglais et tricote un cache-nez pour séduire une fille. Il s'inquiète très fort pour Marguerite... sa soeur ! La fille, Marguerite. Où est-elle ? Que fait-elle ? Entend-elle ?
« Voilà Tarir, le mangeur de capincho ! » Tarir a reçu l’insulte comme un coup de pied dans le ventre. Chez les Indiens Zapiro, le capincho est un animal honni, un pleutre qui pleure au moindre danger. Personne ne doit le manger sous peine d’attirer l’opprobre sur sa famille ou sur son clan. N’importe quel Zapiro traité de cette manière aurait donc riposté. Mais pas Tarir, le timide, qui n’a rien trouvé à dire. Depuis, la rumeur a circulé, la calomnie s’est installée, Tarir est devenu un paria parmi les siens. S’il ne veut pas mourir d’une flèche dans le dos, il doit partir. Mais où ? Vers la forêt du Pays mort qui abrite les exclus ? Vers Los Blancos, la ville où les Indiens ne sont pas les bienvenus ? Le destin de Tarir le mangeur de capincho est en marche…
Ils ont souvent tout perdu, famille, travail, maison, raisons de vivre, ceux qui arpentent le hall de la gare de Lyon sans espérer partir nulle part. Ils ont tout perdu et ils n'attendent plus rien. Parmi eux, il y a la vieille, élégante dans sa misère, cheveux coiffés, habits bleus. Ses copains de galère, Max, Henri, Élie, Céline. Ses combines et ses confidences avec Yvonne, la dame pipi. Ses trouvailles quotidiennes dans les poubelles garnies par les gavs, les nantis, les inconscients. Sa boîte à sucre, boîte aux secrets, aux souvenirs de la vie d'avant. Une routine comme une autre. Jusqu'au jour où la vieille aperçoit une toute jeune fille sur un banc. Elle est différente. Fragile. Elle semble regarder quelque chose intensément, à l'intérieur d'elle-même. Puis elle se lève. Et la vieille reconnaît son pas. Un pas perdu.