Thème « déportation »
Un jour de 1979, comme d'autres parents, Eva Erben monte la garde à l'entrée de l'école de son fils après la vague d'attentats qui vient de prendre pour cible des établissements scolaires d'Israël. L'institutrice lui demande de venir raconter à la classe ses souvenirs de petite fille juive des années trente, ses souvenirs de Tchécoslovaquie, son pays envahi par les nazis le 15 mars 1939, ses souvenirs de déportée, ses souvenirs de survivante, d'oubliée du destin. Pour que les enfants sachent, pour répondre à leur attente, mais aussi afin de mettre au point pour elle-même son histoire, ses éclairs et ses zones d'ombre, Eva se lance dans un récit bouleversant. La vie d'avant la guerre, Prague la magnifique, la nature exubérante, un papa chimiste qui sort ébouriffé de son laboratoire... Puis l'invasion allemande, le trou noir, les lois anti-juives, le long voyage en train, un numéro à la place du nom, le ghetto « modèle » de Theresienstadt où sont rassemblés tous les artistes et savant juifs, l'école clandestine au camp de travail où Eva entend parler de Shakespeare pour la première fois entre les rangs d'épinards...
Voyage à Pitchipoï raconte la tragédie d'une famille juive, en France, pendant la guerre, une tragédie qui fut celle de millions d'autres familles. En 1942, l'auteur de ce livre avait six ans. Sa famille fut arrêtée, par des gendarmes allemands et français, et dispersée.
Le narrateur et sa petite soeur furent d'abord confiés à des voisins jusqu'à ce que le maire du village fasse appliquer la décision du capitaine S-S, Commandeur de la région et responsable des mesures de répression antisémite : « L'accueil d'enfants juifs dans des familles françaises est indésirable et ne sera autorisé en aucun cas. »
Les deux enfants furent alors enfermés dans une prison, puis transférés au camp de Drancy, où la petite fille tomba malade, par malnutrition. Pendant toute cette période, ils restèrent sans nouvelles de leur mère, qui avait miraculeusement réussi à s'échapper et n'avait pas été reprise, malgré les portes qui s'étaient souvent fermées lorsqu'elle avait demandé de l'aide. Après des mois de vie clandestine, à la Libération, ils retrouvèrent leur maison. Ils ne devaient jamais revoir leur père.